Une expédition sonore au cœur des musiques transatlantiques.
Peux-tu te présenter ?
Julien, aka DJ Chilly Jay.
DJ en vinyles, narrateur sonore sous des formes radiophoniques ou scéniques, passeur de culture en atelier, en conférence, dans le milieu scolaire…
« A la Dérive »…Un lien avec la mer ?
Je dirai un lien avec les courants, qu’ils soient maritimes ou aériens. Un lien aussi avec cette idée de flux, avec cette idée de flots, de flow. Une façon de naviguer au gré des courants, au gré des envies, des conditions. Une manière de pouvoir virevolter, s’adapter, changer de cap si besoin.
Voilà ce qui incarne le projet “A la Dérive”.
Quels styles musicaux va-t-on retrouver chaque mois ?
On a à cœur de défendre l’organique dans la musique, à une époque où la majorité des collègues sont tournés vers l’électronique et de mettre en valeur le métissage sonore. Les musiques transatlantiques ce sont ces musiques d’Europe, d’Afrique, qui se rencontrent, s’entrechoquent, passent de ports en ports, d’une cale de bateau à l’autre. Et qui évitent les frontières en termes géographiques et temporelles, en termes d’époque et de continents. On défend les jazz, les folklores, les discos de toute époque, de tout continent.
Comment est né le projet de résidence artistique ?
Il est né d’une envie de défendre le support vinyle d’une autre manière qu’exclusivement dédiée à la fête, même si l’aspect festif fait partie intégrante du projet “A la Dérive”.
Il y a tout d’abord une dimension méditative, de respect de l’objet-disque dans une continuité d’écoute. J’ai éprouvé des difficultés à trouver des endroits et des espaces temps pour développer cette idée car nous sommes régulièrement ramenés au besoin d’efficacité à tout prix. Les DJs sets sont majoritairement proposés les jeudis, vendredis, samedis soirs, au moment où il faut absolument lâcher du lest et j’ai parfois l’impression qu’on en oublie d’être sensible.
Et l’envie dans le projet “A La Dérive “ est justement ici de ramener un peu de sensibilité, notamment dans une période où on a été coupé les uns des autres. Je porte l’idée que pour se retrouver on peut créer une progressivité dans la rencontre, plutôt que de forcer à tout prix le besoin d’un passage du tout au rien et du rien au tout.
“A la Dérive » est un rendez-vous nantais, programmé un dimanche par mois. A qui s’adresse-t-il ? Comment cette journée dominicale est-elle rythmée ? Que va-t-on y trouver ?
Il s’adresse à tous les gens qui auront envie de passer un moment agréable dans un lieu qui l’est tout autant de part sa bâtisse, sa qualité architecturale. On va vouloir proposer un rendez-vous qualitatif, diffusé avec un système son adapté pour le projet, une sélection musicale aux petits oignons, pensée pour les gens qui passent au Little Atlantique le dimanche après-midi.
L’idée d’À La Dérive : «Sentez-vous comme chez vous ».
De 14h à 16h-17h, on est dans une après-midi lente, qui se déroule en progressivité. Sur place, on met à disposition des jeux, de la lecture. Des familles avec enfants, des joueurs, d’échecs, de cartes sont les bienvenus. Quiconque porte le souhait de faire une activité qui irait en ce sens, comme l’envie de faire des mots-croisés, de la couture, de l’origami, du dessin – et j’en passe – est le bienvenu pour passer l’après-midi à nos côtés.
Puis, un autre public est le bienvenu. Celui qui est en quête de la petite apéro du dimanche soir, ou qui n’aurait pas réussi à se lever assez tôt pour venir dès 14h. Donc à partir de 17h, on peut progressivement mettre le hola sur les jeux. Les familles peuvent, pour certaines, rentrer proposer le bain aux enfants, et les derniers devoirs du dimanche soir, tandis que les gens en quête de son et de bières sont en mesure de se délecter de la fin du set.
C’est là que progressivement, la musique dérive vers quelque chose d’un peu plus festif.
Qu’est-ce qui change d’un mois sur l’autre ?
Les propositions. Les Djs vont évoluer. Les jeux vont aussi évoluer. Il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’évolution des dimanches mais il peut y avoir des surprises musicales, des corpus de Djs qui se réinventent d’un mois à l’autre.
Peut-être un jour un groupe live. Peut-être un jour une activité sonore radiophonique, un plateau radio, une conférence, que sais-je…un entre-sort. Tout est possible. Il y aura des propositions artistiques qui pourront éclore de-ci de-là. Et peut-être aussi des à-côtés, comme une initiation à la céramique, à la sérigraphie, qui pourrait aussi apparaître, disparaître d’un dimanche sur l’autre.
Le concept reste le même : de la musique et des activités environnantes pour passer un moment chaleureux, convivial, familial. Mais dans ce cadre, les activités peuvent bouger d’un mois à l’autre.
Tu travailles avec l’artiste nantais Natosito, qui réalise chaque mois l’affiche de l’événement. Peux-tu nous en dire plus ?
Natosito est un artiste nantais très brillant, associé au collectif nantais Les Slips de Papa (https://www.lesslipsdepapa.fr/), à Pol’n. J’apprécie son travail depuis de nombreuses années, il a notamment réalisé le logo de notre association Opus Bleu. Ça fait donc longtemps qu’on est en lien.
C’est aussi un amoureux du disque vinyle donc on a aussi cette accroche musicale en commun et ça faisait déjà quelques mois qu’il avançait dans son travail sur des paysages un peu plus ambiants, sur des migrations d’oiseaux qui m’ont beaucoup plu.
Dès lors que j’ai eu la proposition du Little Atlantique, je me suis dit qu’il fallait donner à “A La Dérive” une identité visuelle et c’est avec lui que je voulais la créer. Notamment autour de cette idée de migration d’oiseaux. On a réfléchi ensemble le projet assez tôt pour pouvoir proposer une déclinaison de visuels au fil des éditions, qui soient en mesure de raconter une histoire par eux-mêmes.
Y a-t-il d’autres collaborations que tu aimerais explorer cette année ?
Oui…Mais surprise.
L’axe culinaire est une chose que tu souhaites développer sur cette journée. Pour quelles raisons ?
On est sur un évènement qui englobe une grande partie de l’après-midi du dimanche donc il me semble pertinent d’avoir des propositions culinaires qui puissent émailler une journée, au sein de laquelle le temps n’aura plus prise.
Qu’on puisse aller d’une sorte de goûter, café-gourmand pour l’après-midi jusqu’aux tapas à partager de l’apéro bière. Il faut que tout soit en place pour qu’à n’importe quel moment, on puisse répondre à n’importe quel désir, avec pour nous, organisateurs, l’envie que les gens restent et étiolent ce temps ce maximum.
Dans un monde idéal, A la Dérive, en décembre 2022, ça donnerait quoi ?
Pas de masque et tout le monde debout ?