Week-end de Diggers

Samedi 12 et dimanche 13 février prochain, les évènements “Disquaire” et “A La Dérive” mettent le vinyle à l’honneur au Little Atlantique. 

Rencontre avec Alban, aka le Disquaire du Dimanche, qui nous dévoile son métier de disquaire itinérant et l’évènement “Disquaire” qui met à l’honneur la fameuse galette. Celle qu’on déguste avec les oreilles. 

Salut Alban, peux-tu présenter le Disquaire du Dimanche ? 

J’ai lancé le Disquaire du Dimanche il y a trois ans maintenant. Au départ, ce n’était pas censé être une activité à temps plein, je l’avais lancé en parallèle de mon ancien boulot de journaliste. J’étais alors amateur de vinyles depuis une dizaine d’années et mon métier de rédacteur m’avait amené à fréquenter le secteur musical, où je réalisais notamment des interviews d’artistes. 

J’ai voulu creuser un autre aspect de cet univers en proposant une sélection de disquaires. Je ne souhaitais pas avoir de boutique fixe, l’idée centrale du projet étant de rester sur de la vente de vinyles en itinérance, sur des évènements, des salons, des brocantes. Ça fait maintenant un an et demi que je me consacre à 100% à ce métier. 

Depuis combien de temps habites-tu Nantes ? Un lieu à conseiller à une personne qui découvre la ville ?

Je suis Nantais depuis toujours. La ville, je l’aime comme elle est donc je ne citerai pas forcément un lieu en particulier. Il y a bien sûr des endroits emblématiques et historiques comme l’Ile de Versaille ou Bouffay par exemple, avec les anciennes halles. Je m’y rends toujours pour boire des cafés en terrasse. Je pense aussi à la zone de Stéréolux, en plein cœur de Nantes, à côté des Nefs des Machines de l’Ile. Ce qu’ils ont fait là-bas en termes de qualité de concerts est vraiment intéressant, c’est un coin que j’affectionne particulièrement pour sa dimension culturelle. 

Comment as-tu connu la Little Atlantique Brewery ? 

Étant amateur de bière, je l’ai connu en tant que client mais j’avais aussi repéré le lieu au regard de la programmation culturelle qui s’y déroulait. Pour développer mon activité, j’avais contacté l’équipe pour proposer de poser mes bacs sur certains évènements et on a finalement inauguré au dernier étage la première édition de Super Marché avec Marie, de Studio Jeanine.

L’idée était de rassembler des entrepreneurs de différents horizons autour d’un événement unique, qui sort un peu du cadre classique des salons de créateurs. Vous pouvez y retrouver aussi bien des vinyles, des fleurs, des illustrations, de la mode, de la fripe, des bijoux, des produits ménagers, du vin… La troisième édition reviendra d’ailleurs au Little Atlantique le weekend du 26 et 27 mars prochain.

A chaque disquaire sa patte musicale. Quel est la tienne ?

Je suis très axé musiques actuelles. En me lançant en tant que disquaire, je ne me voyais pas vendre que du Beatles, du Rolling Stones, du Pink Floyd – je n’en ai d’ailleurs quasiment jamais dans mes bacs. 

Après, je reste un disquaire généraliste. J’essaie de développer des bacs qui me parlent, notamment en musiques électroniques, hip-hop et pop chanson française. Et j’y ajoute l’aspect world music qui penche vers le funk actuel, avec des artistes comme Guts par exemple. Et à côté, j’ai un peu de rock, un peu de pop internationale, de la soul, du jazz. J’avoue avoir une grosse influence Radio Nova dans ce que je vends.  

Ce qui me plaît aussi dans cette sélection de musiques actuelles, c’est l’idée que tu puisses m’acheter un vinyle et voir deux mois plus tard le groupe passer sur Nantes. C’est une démarche différente de la revente type broc’.

Après, la complexité de ce modèle, c’est la concurrence directe de grandes enseignes  et de grands disquaires qui vont proposer à moins cher les mêmes vinyles que moi. Il faut donc trouver des clients qui souhaitent soutenir un petit indépendant.

On associe généralement le disquaire avec un lieu. Or, tu n’as pas de boutique…Pour quelle raison ? 

Je suis disquaire itinérant et c’est vraiment un choix. Si demain, tu me retrouves dans un magasin, c’est parce que je me serai greffé à un projet englobant plusieurs activités différentes. 

L’itinérance me plaît parce que je vais à la rencontre des gens, notamment dans des coins un peu délaissés musicalement. Je ne travaille pas seulement sur Nantes mais aussi dans des zones qui ne disposent pas forcément de grosses enseignes et où la proposition disquaire est moins importante.

Le lien entre l’événementiel et mon activité est aussi très présent. Tous les disquaires itinérants ne font pas ce choix. Beaucoup se greffent sur des salons existants, des brocantes, du vide-grenier. Moi je porte l’envie d’initier, de créer des évènements avec d’autres et cet aspect de mon métier me plaît tout autant que la vente. 

Samedi 12 et Dimanche 13 février, la Little Atlantique Brewery accueille l’événement « Disquaire », au dernier étage. A qui s’adresse l’événement ? 

Avec « Disquaire », j’ai voulu proposer un rendez-vous qui soit pensé en complémentarité d’autres évènements de la région, tels que le fameux salon international de disquaires de la Trocardière, auquel je participe tous les ans (le plus gros rendez-vous vinyles de l’Ouest, avec une centaine d’exposants).

Ce type d’événement cible principalement les passionnés, là où « Disquaire » souhaite s’ouvrir au grand public, avec un large choix de styles musicaux.  

Je voulais au moins une dizaine d’exposants pour satisfaire les diggers à la recherche de lieux pour chiner, mais l’idée est aussi d’ouvrir l’événement au grand public. Le choix de proposer cet événement au Little Atlantique n’est d’ailleurs pas anodin.

J’imagine très bien une famille qui possède une platine avec quelques vinyles à la maison et qui profite du fait de venir manger en famille au Little Atlantique pendant le weekend pour finir le repas en flânant dans les bacs de « Disquaire ».  

L’entrée est à prix libre donc on peut faire passer toute la famille avec quelques euros en poche, et trouver un vinyle ou deux qui viendra compléter la collection et qu’on pourra partager avec ses enfants, ses amis, dans notre salon. On n’est pas obligé d’être un gros digger pour apprécier le concept de l’événement.

Le vinyle connaît aussi un vrai succès auprès des jeunes de 15-20 ans. Tous les artistes qui tournent et qui sont un peu connus sortent aujourd’hui en vinyle, notamment dans l’univers du rap.

Pour Disquaire, on donne donc rendez-vous aux passionnés, aux curieux, à celles et ceux qui viendront juste pour profiter de l’ambiance générale et des djs sets programmés sur les journées du samedi et du dimanche. Tu bois une bière au bar avant, tu fais ton tour, tu passes au salon d’écoute ou au stand de dédicaces…

Quels autres disquaires pourra-t-on y découvrir ? 

La grande majorité des disquaires que j’ai invité pour l’événement sont des personnalités que j’ai pu rencontrer sur des salons au cours de ces trois dernières années d’itinérance. Chacun des disquaires vient avec sa personnalité, ses bacs, sa sélection. L’idée est avant tout de proposer un large choix de styles pour satisfaire le plus grand nombre.

On va ainsi retrouver des personnalités nantaises comme Eddy, qui a monté sa boutique métal Frozen Records il y a un an et demi maintenant rue Maréchal Joffre. Alors qu’on est à l’opposé niveau esthétique musicale, il n’avait pas hésité à m’inviter poser mes bacs chez lui.

Je pense aussi à Pascal, le seul exposant qui ne soit pas disquaire professionnel. Ancien DJ, il avait tourné pendant quarante ans un peu partout et pour « Disquaire », il proposera uniquement du maxi (4 titres) sur de la house, de la pop des années 80/90. Je me souviens lui avoir pris un maxi de Cassius par exemple. C’est sa collection personnelle, avec laquelle il jouait donc vous retrouverez uniquement des originaux.

Les dix disquaires invités : Olivier: Tarfrecords (Pays Basque), Hakim : HK Les Bons Sillons (Sarthe), Eddy : Frozen Records (Nantes), Anthony : Bébé Vinyle (Bretagne), Mathieu : Tematik Records (Nantes), Serge : Serge de Zola (Nantes), Pascal (Bretagne), Christian : Le bar @ disques (Nantes), Max : Troc ton track (Nantes), Alban : Le Disquaire du Dimanche (Nantes).

Le projet de résidence « A la Dérive », porté par le digger et DJ Chilly Jay aura lieu le même jour que « Disquaire ». T’arrive-t-il souvent de collaborer avec des artistes locaux ? 

Dans ma sélection, je commence à développer une rubrique « Nantes » avec des références d’artistes locaux. Pour le moment, j’ai une vingtaine de vinyles d’artistes du coin, que l’on pourra d’ailleurs retrouver pour certains au stand de dédicace lors du weekend.  

On aura par exemple la chance d’accueillir le samedi après-midi VAPA (en clôture des Transmusicales 2021) et ATOEM (Label WART, passé au Little Atlantique cet été, et au Festival Panorama 2021 de Morlaix).

En tant que disquaire, j’ai aussi forcément des liens avec quelques DJs locaux, comme Ano Poli, qui viendra d’ailleurs poser ses platines à Disquaire, le samedi après-midi. 

Allez un conseil de disquaire : quelle est ta sélection du moment ?  

– Destinations de Samifati, sorti fin de l’année dernière. C’est un projet nantais en musiques électroniques, fortement imprégné de leurs voyages en Afrique, notamment au Bénin.

– Mémoria de Jazzy Bazz, en. La scène de L’Entourage est vraiment le rap qui me parle, j’ai grandi avec, c’est un peu ma génération. Quand il faisait ses premiers freestyles au lycée, on les suivait pas mal et c’est un artiste qui est resté je trouve authentique, dans la catégorie rap conscient, avec des prod sympas, des touches jazz.

Fragments de Bonobo, sorti en début d’année sur Ninja Tune, qui est un label que j’affectionne tout particulièrement.

– Et pour les sorties à venir en musique classique, je conseillerai Sofiane Pamart, qui vient de sortir son projet Letter. C’est son deuxième album après Planet. C’est un grand pianiste, qui travaille avec beaucoup de rappeurs, sur des prod piano.

Crédit photo : Elise Doreau

Retrouvez DISQUAIRE samedi 12 et dimanche 13 février de 11h à 19h au dernier étage. Entrée à prix libre. Et A LA DERIVE (lien url vers page évènement), le Dimanche 13 février de 14h à 20h au rez-de-chaussée. Entrée libre et gratuite.

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